Les pays du Pacifique continuent de faire preuve de leadership dans la lutte contre la pollution plastique, malgré trois années et six cycles de négociations internationales n'ayant pas permis de parvenir à un traité mondial pour mettre fin à cette pollution.
Des actions visant à réduire les déchets plastiques et à protéger nos océans sont entreprises par les gouvernements insulaires du Pacifique, ainsi qu’au niveau communautaire, notamment aux Îles Salomon qui ont achevé leur première formation sur les déchets marins et les audits des déchets.
Cette formation s’est tenue à Honiara du 4 au 5 novembre de cette année dans le cadre de la phase 2 du projet « Sustainable Waste Actons in the Pacific » (SWAP), financé par l’Agence française de développement (AFD) et mis en œuvre par le Programme régional océanien de l’environnement (PROE).
« Comme nous le savons tous, les déchets marins et la pollution plastique font partie du triple défis mondial et constituent toujours un problème urgent de notre époque », a déclaré Mme Debra Kereseka, directrice adjointe de l'environnement à la Division de l'environnement et de la conservation du ministère de l'Environnement, du Changement climatique, de la Gestion des catastrophes et de la Météorologie (MECDM).
« Les déchets marins et la pollution plastique affectent la santé humaine, impactent la faune sauvage et les écosystèmes marins, nuisent à notre industrie touristique et affectent notre économie. »
Elle a par ailleurs souligné que « le manque de sensibilisation, de collecte de données, de planification et de gestion des déchets marins et, plus généralement, de la gestion des déchets contribuent à ce problème urgent ».

Cette formation s'inscrit dans le cadre des efforts continus du projet SWAP visant à renforcer les capacités des pays du Pacifique à collecter des données fiables sur les déchets et les déchets marins. Le projet SWAP financé par l’AFD, ainsi que d’autres programmes tels que le Pacific Ocean Litter Project financé par l’Australie et le projet GEF-ISLANDS, ont mené 73 enquêtes et audits sur les plages dans cinq pays au cours de la première phase (2021–2025), mobilisant près de 2 700 volontaires issus de 45 communautés.
Au total, 4 492 kg de déchets, représentant 76 869 articles différents, ont été analysés. Plus de la moitié (44 653 articles) étaient des plastiques. Les résultats, détaillés dans le rapport d’activité 2024 sur les déchets marins sur les plages des îles du Pacifique, montrent que les bouchons et couvercles en plastique, les petites bouteilles de moins de 2 litres, les emballages alimentaires et les fragments de plastique figurent parmi les déchets les plus fréquemment retrouvés sur les plages du Pacifique.
La deuxième phase du projet SWAP vise à consolider ces réalisations en étendant ces activités à neuf pays et territoires insulaires du Pacifique : Fidji, Îles Salomon, Kiribati, Polynésie française, Samoa, Tonga, Tuvalu, Vanuatu et Wallis-et-Futuna.
Afin de garantir une collecte de données cohérente et statistiquement fiable, le PROE s'est associé à Sustainable Coastlines, une organisation caritative néo-zélandaise, pour dispenser une série de sessions de formation pratique sur la manière de réaliser des enquêtes sur les plages et des audits des déchets à l'aide d'outils numériques.
Comme l'a expliqué M. Sam Judd, cofondateur de Sustainable Coastlines, lors de la formation à Honiara : « Les données sont essentielles pour étayer le problème de la pollution plastique. Elles peuvent aider à justifier des actions telles que les systèmes de consigne, attirer des financements pour des infrastructures adéquates comme les réseaux d'eau potable afin d'éviter l'usage de bouteilles en plastique, et de soutenir les programmes de recyclage. Les données permettent également de mesurer l'efficacité des actions menées. »
Mme Kereseka a souligné que les données des enquêtes précédentes ont déjà contribué à éclairer les décisions gouvernementales, notamment le Règlement de 2023 sur l'environnement (interdiction des plastiques à usage unique), et continueront d'orienter les mesures à venir telles que le programme de responsabilité élargie des producteurs.
« Grâce au soutien continu du projet SWAP dans le cadre de sa phase 2, nous prévoyons que les efforts nationaux de collecte de données essentielles à la prise de décision se poursuivront », a-t-elle déclaré. « Ces données fourniront des éléments probants pour permettre au gouvernement de prendre des décisions éclairées, de surveiller et de contrôler les déchets marins et terrestres, et de renforcer notre cadre juridique. »
La formation organisée à Honiara, qui a rassemblé plus de 25 participants issus du gouvernement, de la société civile, de la jeunesse, du tourisme, des ports et du secteur sportif, a combiné des sessions théoriques et des activités de terrain. Les participants ont mené une enquête sur les déchets de plage ainsi qu’un audit des déchets fluviaux le long de la rivière Mataniko, un site stratégique illustrant comment les déchets abandonnés sur la terre et dans les rivières finissent par rejoindre l’océan.
M. Wilson Eta, Directeur du service de gestion et de contrôle des déchets du conseil municipal d'Honiara, a souligné l'utilité concrète de l'audit : « Ce que nous avons fait aujourd’hui nous aide à mieux comprendre le volume de déchets générés t déposés négligemment. Une partie provient des rues avoisinantes. Le plus intéressant a été l'audit lui-même, car il nous permet d'identifier les types de déchets produits à Honiara selon les différents flux de déchets. »
M. Francis Manioru, du Comité national olympique des Îles Salomon, a vu un lien évident entre la formation et son rôle à venir pour promotion du développement durable lors du relais du bâton du roi aux Jeux du Commonwealth : « En m’informant aujourd’hui sur les problèmes liés aux plastiques et aux déchets, je peux me préparer pour le relais et promouvoir des Jeux écoresponsables. Le sport est aussi un moyen de sensibiliser à la protection de l’environnement. »
D'autres participants ont également souligné l'importance de cette formation pour renforcer la sensibilisation et l'engagement communautaire.
M. Joe Au Ramosaea, de Lovem Coast, a déclaré : « le programme d’aujourd’hui nous apprend à prendre soin de nos ressources, de la mer et de l’océan. La majorité de nos protéines aux Îles Salomon proviennent du poisson, et si le poisson est empoisonné par le plastique, cela affecte notre santé. Alors débarrassons-nous du plastique et mangeons des protéines saines. »
our Samantha Niunara, du Dreamcast Theater, les outils numériques de collecte de données ont été particulièrement révélateurs : « La technologie facilite la collecte de données. Avant, nous nettoyions mais nous ne savions plus combien de déchets nous avions ramassés. Désormais, nous avons des preuves pour montrer les tendances et les partager avec d’autres. Cette activité nous aide tous, car nous sommes l’environnement, et c’est la responsabilité de chacun. »
Le PROE, en collaboration avec le MECDM, explore des moyens de renforcer le système de collecte et de recyclage des bouteilles en PET aux Îles Salomon, car la simple collecte de données ne suffira pas à résoudre le problème sans actions concrètes sur le terrain. C’est pourquoi l’équipe du SWAP a visité une initiative de recyclage menée par le Resilience Innovation and Social Change Girls Club, un groupe de jeunes femmes qui transforment les bouteilles en PET en matériaux de pavage.

Mme Joanna Bobby, représentante du groupe, a expliqué : « Nous collectons des bouteilles en plastique en ville et des zones côtièrespour fabriquer des pavés. Ce programme nous inspire de nouvelles idées pour la collecte et la gestion des déchets, et sur la manière de travailler ensemble pour nettoyer notre environnement. Collecter des données dans notre zone nous aidera à suivre la quantité de plastique collectée et à voir si elle diminue. »
Ces initiatives communautaires démontrent comment l'innovation et l'engagement local peuvent compléter les cadres politiques.
La formation d'Honiara marque le début d'une série de sessions similaires qui seront déployées dans d’autres iles du Pacifique en 2026, afin de s’assurer que les pays disposent des outils et compétences nécessaires pour collecter des données fiables, orienter les politiques et mettre en œuvre des solutions concrètes pour un Pacifique plus propre et plus résilient.
Le projet SWAP2 contribue aux objectifs de la Stratégie pour un Pacifique plus propre en améliorant les infrastructures de gestion des déchets, en renforçant les capacités et en favorisant la collaboration régionale. Les neuf îles du Pacifique participant au projet SWAP sont les Fidji, Îles Salomon, Kiribati, la Polynésie française, les Samoa, Tonga, Tuvalu, Vanuatu et Wallis-et-Futuna.
Le projet Sustainable Waste Actions in the Pacific – Phase 2 (SWAP2) est financé par l’ Agence française de développement (AFD) https://www.afd.fr et mis en œuvre par le Programme régional océanien de l’environnement (PROE). www.sprep.org
Pour plus d’informations, veuillez consulter : https://swap.sprep.org ou contacter Mme Julie Pillet, cheffe de projet SWAP, à l’adresse suivante : [email protected].